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CALIGULA

de  Albert Camus

mise en scène    Charles Berling

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l'Atelier

Tel:  01 46 06 49 24 

 

       

Du rôle d' Hamlet  à celui de Caligula, l'énergie vitale de Charles Berling vibre de la même passion et c'est peu dire que dans les interviews et la promotion de ce nouveau spectacle celui-ci sait communiquer l'enthousiasme à l'égard d'un auteur qu'il redécouvre après avoir quelque peu négligé son intérêt scolaire.

Est-ce que cette fougue artistique peut néanmoins suffire pour réussir un coup de maître en guise de coup d'essai à la mise en scène certes assistée des conseils de Christiane Cohendy ?

Est-ce que la direction d'acteurs peut s'affranchir d'un regard débutant sur ses partenaires tout en s'immergeant totalement dans le rôle titre ?

Il ne nous appartient pas d'apprécier la juste valeur d'une initiative créatrice encouragée par Laura Pels, directrice du Théâtre de l'Atelier, mais d'observer une hésitation latente dans le jeu des comédiens lorsque la présence de Caligula fait défaut sur scène pour concevoir que ceux-ci semblent en manque de certitudes quant à la pertinence de leur expressivité.

Cernés de paillettes du plus bel effet esthétique, les protagonistes évoluent dans le cabaret moderniste des fantasmes contemporains en impliquant Caligula davantage à la posture plutôt qu'à l'impasse éthique.

Tout se passe comme si l'intention iconoclaste et transgressive de Charles Berling se heurtait de front à des ersatz de tyrannie, sans que celui-ci puisse passer irréellement à la vitesse supérieure de l'indicible.

Theothea le 10/02/06

LE BOURGEOIS GENTILHOMME

de  Molière

mise en scène    Alain Sachs

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de Paris

Tel: 01 48 74 25 37

 

  

          

Les mimiques sont de Bigard, le texte de Molière, la musique de Lully et la mise en jogging d'Alain Sachs. La facture globale est de bon goût, n'en déplaise aux porteurs de préjugés et aux redresseurs de valeurs établies.

Stéphane Hillel et le Théâtre de Paris accueillent un spectacle à grands moyens destiné à un large public sans exclusive socioculturelle. Qui se reconnaît en Jean-Marie Bigard, qu'il suive Monsieur Jourdain, il y trouvera son alter ego, celui qui fait fortune en dirigeant une salle de sports ou en s'impliquant dans une quelconque niche de marketing à la mode, avec l'ambition affichée d'intégrer la jet-set.

La force de cette création tient en premier lieu au respect à la lettre du texte de Molière, ce qui est la moindre des choses bien que sa version in-extenso ait été quelque peu amputée, mais tient surtout à son actualisation en temps réel et à son emprise directe avec le comportementalisme contemporain.

Chaussé de tennis ostentibles voire de rollers dernier cri, affublé de sportswear extravagants "be yourself", paradant en caddie à porteur, le roi Soleil n'est pas le cousin de JMB qui le lui rend bien, en trônant sur tous les stéréotypes de l'idéologie égocentrique triomphante.

En effet, le show man se plie consciencieusement aux règles du Théâtre classique pour mieux en faire exploser la bulle conventionnelle et ramasser la mise authentique gagée par l'auteur attitré du règne de Louis XIV.

Danses hip-hop et kendo cadrent la performance non pour parodier les ballets de Lully mais bel et bien pour singer la vanité à surfer sur toutes les académies au goût du jour.

En contrepoint, l'humanisme résiduel du personnage pédant est titillé par son épouse que Catherine Arditi compose avec l'élégance d'une poésie venue d'ailleurs. Citons également Nadège Beausson-Diagne qui catapulte le rôle de la servante Nicole dans la stratosphère des personnages truculents grâce à leur feeling exacerbé.

Si l'orchestration de l'ensemble peut faire apparaître de-ci de-là quelques incertitudes de complémentarité, entre le jeu des acteurs et les chorégraphies, il se pourrait que dans ces interstices se glisse, au fur et à mesure des représentations, le peaufinement apporté par la contribution humoristique de chacun des protagonistes.

Bref, ce "Bourgeois gentilhomme" est excellemment servi par une troupe bien décidée à faire passer cette célèbre comédie-ballet du XVIIème siècle au rang d'une fameuse comédie musicale du XXIème.

Theothea le 14/02/06

PYGMALION

de  Georges-Bernard Shaw

mise en scène    Nicolas Briançon

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Comédia

Tel: 01 42 38 22 22

 

              

A la suite de l'immense succès public d' "Un violon sur le toit", le théâtre Comédia récidive en réunissant tous les élèments aptes à constituer en triomphe le "Pygmalion" de Bernard Shaw, mais également celui de Nicolas Briançon qui, disposant des moyens d'une importante production, signe le spectacle parisien le plus jubilatoire de la saison en cours.

Dès le lever du rideau, à l'apparition d'une scène londonienne insufflée par Dickens où la sortie pluvieuse d'un spectacle sert de cadre à une mise en situation des protagonistes, il est d'emblée évident que chacun des personnages va être à la hauteur du retour de "My Fair Lady" sur les planches, pour lequel un triple décor en accordéon conçu par Jean-Marc Stehlé tel un livre d'images se dépliant sur lui-même va garantir une magie de tous les instants à venir.

Barbara Schulz pressentie dans le rôle d'Elisa Doolittle par Robert Hossein en raison de son côté "Titi parisien" dès les coulisses d'Antigone au Marigny après s'être considérablement distinguée dans Joyeuses Pâques aux Variétés en compagnie de Pierre Arditi, donne ici au personnage de la marchande de fleurs destinée à se transformer en femme du monde sous l'impulsion du docteur Higgins alias Nicolas Vaude, la classe chic et choc que le parler faubourien va pouvoir faire imploser plaisamment en autant de récurrences latentes.

Mais au-delà de l'apprentissage au langage châtié permettant de côtoyer les sphères de la haute société qu'il convoîte pour sa protégée en raison d'un défi opportuniste, le Pygmalion va se trouver pris dans le piège de ses propres lacunes en ne sachant pas accorder le savoir-faire avec la grandeur d'âme.

Ce dilemme entre les signes manifestes d'une bonne éducation et ceux des vertus du coeur va se trouver exposé à front renversé, impliquant à rebours que le savoir- vivre n'est pas nécessairement l'apanage de celui qui proclame en détenir les codes.

Cependant au sein des relations humaines contradictoires, la maîtrise sociale de l'expression orale va s'imposer de facto en tant que vecteur pouvant faire grandir toute personne, fût-ce à son corps défendant; c'est ainsi qu'Elisa Doolittle en incarnera merveilleusement l'emblême initiatique.

Pour illustrer cette pédagogie interactive gravitent autour du tandem de référence une douzaine de rôles tous interprétés de manière très savoureuse parmi lesquels Danièle Lebrun, Odile Mallet, Henri Courseaux, Jean-Claude Barbier jamais en reste pour vivifier l'esprit de haute voltige dont l'humour british ne doit en aucun cas se départir.

Ce spectacle est conçu tel un divertissement ès qualités dont chacun pourra faire son miel, à l'aune du plaisir joyeux et réconfortant de croire mordicus à tous les progrès potentiels de l'espèce humaine.

Theothea le 16/02/06

LE ROI LEAR

de   William Shakespeare

mise en scène    André Engel

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l'Odéon Berthier

Tel: 01 44 85 40 40

 

     Photo Ld Marc Vanappelghem  

     

D'Alain Sachs à André Engel, de Jean-Marie Bigard à Michel Piccoli, d'une salle de sport à un hangar désaffecté, du théâtre de Paris à l'Odéon Berthier, de Molière à Shakespeare, de la Comédie au Drame, du Bourgeois Gentilhomme au Roi Lear, il y a plus que de la concomitance fortuite, plus que de la transposition, il y a le pouvoir de la réussite contemporaine, celle de l'argent maître qui peut tout régler, y compris les successions familiales, du moins le croient-ils tous en choeur ou feignent-ils de le croire respectivement, pris à leur propre piège de vanité qui les réduira de force à l'humilité suprême.

Ici autour et alentours de "Lear Entreprise & co", la guerre des gangs fait rage comme dans la Chicago d'Al Capone; Citizen Piccoli y traverse le siècle comme celui d'une dévastation prise dans la tourmente au pire de l'angoisse du tonnerre, au mieux de la splendeur des tempêtes de neige.

Ses trois filles, Régane (Lisa Martino), Goneril (Anne Sée), Cordélia (Julie-Marie Parmentier) auraient passé le test d'affectivité telle une épreuve de vérité qui se serait retournée contre elle-même en une destinée tragique adossée à l'aveuglement paternel cherchant à perdurer le règne personnel au travers de la filiation.

Guetté irrémédiablement par la folie, la sienne intégrant celle de l'humanité toute entière, c'est dans le dénuement extrême que s'égrèneront les stations du chemin de croix royal où se joueront les règlements de compte à l'égard d'un héritage impossible à assumer par la descendance.

Prenant à contre-pied l'imaginaire monstrueux dans les filets d'un anachronisme moderne, André Engel renvoie aux spectateurs l'image inversée..., à l'instar de l'enseigne lumineuse trônant dans la transparence de la verrière frontale d'un entrepôt plus vrai que nature signé Nicky Rieti, ...d'une époque barbare habituellement aseptisée par la distance temporelle.

De plein fouet donc avec un hyperréalisme "hic et nunc", les enjeux paternels seront broyés par la déliquescence des sentiments que les tabous institutionnels ne sauront même plus scandaliser.

Ce "King Lear" fera nécessairement date, car son influence sur les consciences n'en finira pas de toquer contre les parois insensibles de l'indifférence contemporaine caractérisée par l'ambivalence de ses pulsions.

Et puis, entourer les 80 ans de Michel Piccoli par la présence prestigieuse de Gérard Desarthe, Jean-Paul Farré, Jean-Claude Jay et Jérôme Kircher, c'est assurer tous les autres de participer à une oeuvre célébrant le jeu des comédiens dans un magistral voyage festif.

Theothea le 21/02/06

LA MAISON DES MORTS

de  Philippe Minyana

mise en scène    Robert Cantarella

 Choix des Chroniques ****

Théâtre du Vieux-Colombier

Tel: 01 44 39 87 00

 

     Photo  DR. Cosimo Mirco Magiocca 

              

"Sublime, forcément sublime !...". De Marguerite à Catherine, de Duras à Hiegel, il n'y aurait qu'une enjambée!... Celle franchissant par exemple la Vologne d'un bord à l'autre du fait divers, celle qui transgresse la réalité sordide pour parvenir au concept symbolique, mais surtout celle qui transcende le tragique en mots pour permettre à l'altérité de se jouer du réalisme des maux.

Cette "maison" est un cadeau, celui de l'auteur Philippe Minyana à l'intention de l'immense comédienne Catherine Hiegel à qui est dédiée le rôle pivot de la pièce, celui de "la femme à la natte" parcourant sur la scène du Vieux-Colombier soixante-dix années d'une vie de zombie, parmi les siens.

L'histoire de ce mort-vivant au féminin se partage au gré de ses maisons se constituant en une cité cercueil abritant l'absence de langage élevé au rang de non-sens familial.

Qu'il faille des surtitres virtuels pour expliciter les zones de non-droit au savoir-vivre, c'est la moindre des obligations que s'impose la mise en scène de Robert Cantarella dont la règle maîtresse est le cadrage et le recadrage perpétuel autour des figures sociales de l'indicible en autant d'identités anonymes telles "la dame à la petite voix" et "la femme à la carapace" (Catherine Ferran), "l'homme aux cannes" (Pierre vial), "La femme au regard acéré" (Julie Sicard), "l'homme malade" (Sharokh Moskin Ghalam), "l'homme habillé en dame" (Nicolas Maury), "l'homme pauvre" (Grégoire Tachnakian)...

Que des pantins dénués de tout désir d'avoir envie soient associés à des marionnettes douées d'humanité latente, voilà l'enjeu évolutif d'une métamorphose que la dignité d'être au monde se doit à elle-même de questionner.

En effet, s'il devait y avoir une Rédemption à tant de souffrances intégrées à ce silence vociférant des borborygmes, c'est bien que le désespoir ne tient jamais ses promesses!...

Dans une perspective pragmatique, la création de "La maison des morts" dans la deuxième salle du Français est une judicieuse opportunité que Philippe Mynyana offre à la Culture Institutionnelle pour déstructurer les codes d'une langue dont la syntaxe est de manière concomitante mise à l'épreuve en salle Richelieu par Valère Novarina.

Theothea le 22/02/06

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